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Décès de Daniel Grason, ami du Maitron

Notre ami Daniel Grason est décédé ce 22 novembre 2022 dans sa 79ème année.
Cet ancien ouvrier métallo puis journaliste et enfin
historien du Maitron était l'un des plus gros "producteurs" de biographies
pour la période des années 1930-1940. Il avait écumé avec passion les archives de la préfecture de Police de Paris, noté, cliché, rédigé pendant vingt ans, sans
se lasser, toujours soucieux de la justesse de ses informations. Il a signé 3588 biographies dans le Maitron dont 1485 pour le Dictionnaire des fusillés et exécutés. Il était encore présent à la réunion des auteurs de la région
parisienne le 18 octobre 2022 à la Maison des associations du IIIe
arrondissement, avec son éternel sourire de titi parisien. Car c’était un
formidable copain, fraternel, attentif aux autres, l’œil toujours amusé de
celui auquel "on ne lui fait pas".
Nous lui rendrons hommage lors de la journée du Maitron du 7 décembre 2022.
Son inhumation aura lieu le vendredi 25 novembre 2022 à 11 heures au
cimetière de Gennevilliers (24, rue Villebois Mareuil).
Daniel Grason était né le 2 décembre 1943 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
et avait été élevé à Saint-Ouen. Titulaire du CEP et du CAP de tourneur sur
métaux, il avait travaillé à la Saviem à Saint-Ouen, puis comme animateur
dans un foyer de jeunes dans la même ville. De nouveau ouvrier dans une
usine à Gennevilliers, tourneur sur un tour vertical chez Delachaux, il y vécut mai-juin 1968 dont il fit, en 2018, un récit remarquable dans
l’ouvrage "Mai 68 par celles et ceux qui l’ont vécu". Licencié en septembre
1968, permanent de la section communiste jusqu’en 1978. Il fut ensuite
rédacteur en chef, journaliste-photographe pendant quinze ans du journal
local "La Voix Populaire", puis "Agora", publication de l’OPHLM jusqu’en 2002.
Il portait depuis de nombreuses années un regard critique sur le communisme
qu’il qualifiait volontiers de « stalinien » et cherchait dans l’histoire
les raisons de ce qu’il voyait comme un dévoiement du mouvement ouvrier.
Son panel de lecture s’était ouvert à toutes les oppositions et dissidences. Il
avait fait un entretien avec Jean Maitron, à Courbevoie, pour son journal
local au milieu des années 1980, et s’était pris de passion pour l’homme et
pour cette œuvre hors norme qu’était déjà le Maitron.
Depuis sa cessation d’activité professionnelle, il consacra son temps avec
intensité à des recherches en histoire sociale dans différents services
d’archives locales : Gennevilliers, Saint-Denis, Saint-Ouen, Boulogne,
Levallois-Perret, à la BDIC à Nanterre, à la Bibliothèque nationale de
France à Paris, aux Archives de la Préfecture de Police à Paris puis au
Pré-Saint-Gervais, aux Archives nationales à Saint-Denis-Pierrefitte-sur-Seine.
Ses thèmes de recherche étaient les volontaires en Espagne républicaine, les
fusillés et exécutés, les internés et déportés de la Seconde Guerre
mondiale. Il suivait avec régularité et intérêt les réunions du Maitron et
les séminaires sur « Les communismes » organisé par Bernard Pudal et Claude
Pennetier, rue Malher, toujours en quête d’informations et de réflexions sur
l’histoire et les évolutions du mouvement ouvrier, toujours en attente de
plus savoir et de mieux comprendre. Et toujours content de partager le repas
« Chez Momo » après le séminaire du samedi matin.
 
 
Bibliographie
Chausson : une dignité ouvrière, Bernard Massera, Daniel Grason, préface de
Michel Verret. Éd. Syllepse, 2004 ; Éclats du Front populaire, Daniel
Grason, René Mouriaux, Patrick Pochet, Éd. Syllepse, 2006 ; cinq
contributions dans La France des années 1968. Une encyclopédie de la
contestation, Antoine Artous, Didier Epztajn, Patrick Silberstein, Éd.
Syllepse, 2008 ; Notices pour Les fusillés (1940-1944). Dictionnaire
biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otages ou
guillotinés en France pendant l’Occupation, sous la direction de : Claude
Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty et Delphine Leneveu, Éd.
L’Atelier, 2015 ; Contribution à l’ouvrage Mai 68 par celles et ceux qui
l’ont vécu, « On ne disait pas « je pars au travail », mais « je vais au
chagrin », coordonné par Christelle Dormoy-Rajramanan, Boris Gobille et Erik
Neveu, Éd. L’Atelier, 2018.